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Une Faim de Loup

Section Test.


Sortie JAP non communiquée
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Looney Tunes : Sheep Raider
27/09/2001
Edité par Infogrames
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Une Faim de Loup
14/09/2001
Edité par Infogrames
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Console: Sony Playstation
Genre:Réflexion
Développeur: Infogrames
Joueurs: Solo uniquement
Existe aussi sur: PC-

Photo de la boite de Une Faim de Loup
Une Faim de Loup, capture d'écran Une Faim de Loup, capture d'écran Une Faim de Loup, capture d'écran
Une faim de loup (ou Sheep, Dog, N’ Wolf en anglais : titre que je trouve bien plus accrocheur) est un jeu qui a su faire parler de lui. Développé par un studio français regorgeant d’idées neuves et incongrues, le soft a bénéficié d’un petit buzz grâce à la presse spécialisée et aux joueurs enthousiastes. Infogrames est un éditeur réputé à cette époque pour ses multiples adaptations de bandes-dessinées et de dessins animés en œuvres vidéo-ludiques. Les jeux en question sont souvent hauts en couleurs, respectueux de l’atmosphère originelle, mais d’un classicisme strict du point de vue de leur gameplay. Multipliant les jeux d’action ou de plate-forme, Infogrames ne gagnait rien à se risquer hors des sentiers battus par peur de brusquer son public, et se devait avant tout de satisfaire des fans de bd ou d’animé. A ce titre, un système de jeu simple d’accès convenait davantage pour des joueurs occasionnels. Une faim de loup est donc un pied de nez à cette logique commerciale, mais s’engager dans un gameplay peu commun est parfois synonyme de déconvenues. Ce titre va-t-il donc se révéler à la hauteur ?

Chacun doit gagner sa croûte…

Issus du célèbre cartoon des Looney Tunes, les principaux protagonistes du jeu ne sont cependant pas parmi les plus réputés. Qui connait Ralph, cousin du célèbre Vil Coyote, ce dernier n’ayant eu droit qu’à une seule apparition sur le petit écran? Ralph est d'ailleurs le sosie de Coyote, à ceci près qu'il ne s'intéresse qu'à de petites boules de laines à la chair certainement tendre et savoureuse. C’est du moins ce qu’il s’imagine, car malgré toutes ses ruses le pauvre Ralph n'aura jamais eu l'occasion d'y gouter. En effet, il devra pour ce faire franchir un terrible obstacle, à savoir le chien de garde le plus vif et le plus consciencieux qui soit : Sam. Ne vous fiez pas à la mèche de cheveux recouvrant ses yeux, Sam cumule un regard de Lynx à une poigne d’acier pour tout chapardeur de moutons. Ce chien fidèle (qui est son maître d’ailleurs ?) est une paroi jusque là infranchissable entre Ralph et les côtelettes d’agneau, mais un certain canard affublé d’un costume de Robin des Bois fait alors son apparition…

Nous allons faire affaire ensemble, mon ami !

Il s’agit là de Daffy Duck, vous l’aurez deviné, le canard le plus pleutre et le plus opportuniste de l’histoire! Ce dernier va inviter Ralph à une émission de télé très particulière. Le but sera de capturer un maximum de moutons, rien de plus, et le bon Daffy Duck ne sera pas avare en solides conseils pour vous assister. Le plateau télé fera d’ailleurs office de map, et de nouveaux stages se débloqueront au fur à mesure de votre progression . Vous accéderez à chaque niveau par le biais d’une porte à déplacement spatio-temporel. Ne cherchez pas plus loin, ne sommes-nous pas dans l’univers des Looney Tunes? Daffy Duck n’est jamais à une embrouille près, il espère bien battre les records d’audimat grâce à vos exploits sur le terrain, la capture de moutons étant le genre de programmes plébiscités par les foules. Ainsi, chaque niveau sera votre terrain de jeu pour capturer l’un des moutons du troupeau. Il s’agira non seulement d’en piquer un à la barbe de Sam, mais aussi de le ramener sur le plateau télé. Une grosse croix rouge où vous devrez déposer votre butin marque la fin du niveau. Tout le sel du jeu réside bien entendu dans les mécanismes farfelus imaginés par les développeurs pour capturer l’une des précieuses bestioles. Croyez-moi, les délires sont bien dignes des tentatives de Vil Coyote pour s’accaparer l’oiseau le plus rapide de la planète.

Les entreprises ACME vous remercient

Chaque stage vous place dans un environnement plutôt ouvert, quelquefois linéaire selon les situations, mais dont le level-design est clairement pensé pour la réflexion. A vous de grimper, sauter, nager pour récupérer les précieux ustensiles indispensables à votre plan aussi génial que machiavélique : salades, aimants, élastiques, cannes à pêche, dynamite, graines magiques; je ne vous cite là que quelques exemples. La plupart se récupèrent dans le niveau, d’autres se débloquent en cognant sur une boîte aux lettres. En tant que livreur hors pair, ACME vous délivrera alors l’objet en un lieu pas toujours simple d’accès. Ramasser les objets nécessaires est la première étape, vient ensuite la reconnaissance du terrain. Comment approcher le troupeau sans se faire repérer par Sam, par quel moyen éloigner le chien de garde ou approcher un mouton? A vous de faire un usage intelligent au bon moment et au bon endroit de vos capacités et de votre attirail. Plus tard dans le jeu, vous aurez la possibilité de combiner certains objets, les cartes où vous évoluez se complexifieront et la capture d’un mouton réclamera toujours plus de temps et de patience. Agacé par vos exploits, Sam installera même des pièges et différentes stratégies pour veiller sur le troupeau.

Lorsque Sam vous apercevra, il va vous courir après pour vous filer une beigne. A vous d’être plus rapide que lui sans quoi vous allez le sentir passer! Vous n’êtes pas de taille pour affronter le gardien du troupeau, vous devrez donc faire très attention à demeurer plus discret qu’une ombre. Un indicateur en haut à gauche de l’écran vous indique Sam balayant du regard les alentours, prêt à démarrer au quart de tour au moindre signe de Ralph dans les parages. Si le fond est vert, Sam ne vous voit ni ne vous entend. Avec un fond orange, Sam vous repérera si son regard porte dans votre direction et vous devrez marcher sur la pointe des pieds pour ne pas faire de bruit en vous déplaçant. Si le fond est rouge, vous êtes repéré, vous n’avez plus qu’à prendre les jambes à votre cou. Si le chien de garde est constamment sur les crocs, rassurez-vous, l’objet de votre convoitise est quant à lui constamment dans les nuages et plus bête que ses pieds. Sans aucune peur ni méfiance à votre égard, les moutons ne se gêneront pas pour vous suivre, attirés par une belle salade ou par d’autres stratagèmes divers et variés.

La difficulté est très bien dosée, chaque nouvel environnement vous réclamera de mettre en application les ruses et les tactiques précédentes, en ajoutant encore d’autres subtilités pour mener à bien votre tâche. Les deux derniers niveaux sont un peu l’apogée de toutes les mécaniques du gameplay, pour un twist final aussi coriace que jouissif. C’est là un excellent point, on aurait pu craindre un challenge trop accessible, le public raffolant des dessins animés étant plutôt jeune.

Daffy Duck sera là pour vous servir de tuteur tout au long de la partie, avec toujours cette arrogance et ce dédain qui le caractérisent. D’autres personnages du microcosme des Looney Tunes seront présents pour notre plus grand bonheur, comme Elmer Fudd et Porky. Les doubleurs français sont évidemment les doubleurs officiels.

On va régler ça à coups d’enclumes sur la tête !

La partie fan service n’est pas du tout négligée. Les gags, les dialogues, le cel-shading des niveaux nous rappellent constamment l’univers loufoque et déluré du dessin animé. J’ai une appréciation toute particulière pour les réactions des différents individus si vous les faites exploser à coup de dynamite! Les bruitages, excellents, sont agrémentés d’une touche cartoon. Notons par exemple le bruit de Ralph au pas de course, semblable à une fusée au décollage, ou les petites notes de musique qui accompagnent ses pas feutrés en mode furtif. Les musiques sont non seulement réussies, mais sont même pour la plupart assez marquantes, chacune dans le ton de l’environnement. Saluons encore une fois le studio pour toutes ses idées à la fois inventives et décalées, totalement dans le ton d’un Vil Coyote jamais à court d’inventions tirées par les cheveux. Les graphismes, enfin, font honneur à la Playstation. Bon, nous sommes en 2001, la machine a déjà fait ses preuves, mais le soin apporté pour sentir une atmosphère cartoon est bien appréciable. Le choix des couleurs est de très bon goût, il y a peu de bugs de collision et aucun retard d’affichage.

La caméra pose parfois problème, elle a du mal à se replacer dans les lieux exigus et il faut de temps en temps marquer une pause pour la recentrer. C’est un défaut à remettre dans son contexte, les soucis de caméra étant presque une marque de fabrique pour les jeux Psone. Ceci dit, le plaisir de jeu ne s’en trouve pas entaché et la gêne de l’angle de vue ne vous handicapera que rarement jusqu’à la frustration. La maniabilité de Ralph est très fluide, intuitive, les interactions avec les objets n’ont aucun temps de latence. Il y aura bien sûr un coup à prendre pour vous servir correctement de chaque nouvel accessoire, heureusement les indications à l’écran sont claires et les boutons très bien choisis pour chaque action. L’histoire est bien entendu sans importance, légère tout en demeurant dans le ton d’un épisode des Looney tunes. La durée du titre est quant à elle fort respectable, certes très variable selon vos capacités à résoudre chaque tableau, mais le contenu est tout de même conséquent. L’ensemble du jeu dénote d’ailleurs le professionnalisme et le talent de ses auteurs.

Tu feras comme je te dis, mon canard

Le seul défaut notable du jeu, c’est l’absence de liberté laissée au joueur. Certes, vous pourrez de temps en temps accomplir d’une ou deux manières différentes une action en particulier, mais le jeu n'en est pas moins très dirigiste. Vous serez bloqué tant que vous n’aurez pas trouvé le bon et unique moyen de vous faufiler en évitant Sam, ou de trimballer votre mouton jusqu’à la porte de sortie. A y réfléchir, ce n’est pas vraiment un défaut, simplement un choix des développeurs. En contrepartie, nous avons un level-design aux petits oignons qui ne souffre quasiment d’aucune crise d’inventivité. D’un point de vue fun et variété, Une faim de loup ne rencontre aucun temps mort. On aurait tout de même apprécié un tant soit peu d’initiatives différentes; non pour l’ensemble d’un tableau, mais à certains moments.

Enfin, dirigisme ne rime pas ici avec assistanat. Hormis les indications des commandes et quelques conseils de Daffy lors des premiers niveaux, ce sera à vous de vous débrouiller seul pour démêler l’ensemble du plan tordu, et accomplir votre méfait.

Conclusion : 18/20

Sheep, Dog, N’Wolf est non seulement une surprise rafraichissante, il est aussi et surtout un jeu de réflexion d’une qualité remarquable. Jamais avare en terme de renouveau et d’énigmes toujours plus fouillées, le jeu saura vous combler grâce à sa difficulté progressive et à la variété de ses situations. Pour un jeu de ce genre, avec la possibilité d’évoluer dans un univers ouvert en 3D, nous aurions cependant pu nous attendre à davantage de liberté : élaborer notre propre plan, varier les tactiques et les approches, choisir le bon outillage en conséquence. La maîtrise des développeurs comble néanmoins amplement cette petite déception. Une faim de loup est en définitive un excellent titre, voire un indispensable pour ceux qui aiment se sentir débrouillards et futés dans un jeu vidéo.


Article publié le 03/02/2012 Jeu testé par AndréFontaine