lien vers facebook lien vers twitter lien vers youtube lien vers dailymotion lien vers le forum d'Oldies Rising lien vers mail
Recherche Avancée

Full Throttle

Section Test.


Sortie JAP non communiquée
________________________
Full Throttle
30/04/1995
Edité par Lucas Arts
________________________
Full Throttle
30/04/1995
Edité par Lucas Arts
________________________
Console: PC
Genre:Aventure
Développeur: Lucas Arts
Joueurs: Solo uniquement
Une exclusivité PC

Photo de la boite de Full Throttle
Full Throttle, capture d'écran Full Throttle, capture d'écran Full Throttle, capture d'écran
Dans la culture américaine, les motards ont toujours eu une place de choix. Qui n'a jamais rêvé d'enfourcher une Harley Davidson, afin de partir sans but précis sillonner les grands axes nord-américains? Le cliché est certes un peu facile, mais toujours est-il que cette thématique des gangs de motards a déjà largement été exploitée au cinéma dans les trente dernières années, hollywood ne tarissant pas d'idées pour mettre en scène des bad boys tatoués aux commandes de grosses cylindrées. Et pourtant, malgré cet engouement, le jeu vidéo ne s'est que très peu inspiré de cet aspect de la culture américaine au fil des ans. C'est bel et bien pour remédier à cette injustice que Lucas Arts nous sort Full Throttle en 1995. Loin d'être un jeu d'action, le titre des créateurs de Monkey Island s'inscrit bien évidemment dans la lignée des point & click, reprenant les standards du genre tout en les agrémentant de petites originalités... Une réussite de plus pour l'éditeur?

Dans le camp des bad boys

Malgré son appartenance au genre du point & click, Full Throttle marque une rupture avec les habituels jeux ayant fait la renommée de la firme dans les années 90. En effet, si les aventures de Guybrush Threepwood mettaient l'accent sur un aspect bon enfant omniprésent, le soft qui nous intéresse aujourd'hui mise sur une ambiance plus sombre, sérieuse, et adulte. Dites donc adieu aux mythiques combats d'insultes, ou autres concours de crachats. Ben, le héros de ce nouveau jeu d'aventure, n'a clairement pas tant de scrupules dans ses méthodes et n'hésitera pas à faire usage de la force pour arriver à ses fins. Une porte fermée? Qu'à cela ne tienne, un bon coup de pied bien placé, et cette dernière vole en éclat mettant au passage KO celui qui se tenait derrière, l'œil collé sur le judas. Un barman peu coopératif? Un plaquage de sa tête sur le comptoir devrait aisément le faire revenir à de meilleurs sentiments... Une panne sèche? Pourquoi ne pas siphonner une voiture de police pour faire le plein? Besoin d'autre chose? Votre budget limité ne vous laissera pas d'autre alternative que de faire preuve d'ingéniosité, ou de brutalité, pour le voler! Pour ne rien arranger, le bougre a clairement la tête de l'emploi avec sa gueule carrée et mal rasée, accompagnée d'un blouson en cuir tout droit sorti de Terminator. Bref, vous l'aurez compris, toutes les actions de l'ami Ben ne seront pas forcément à enseigner aux enfants qui auront tôt fait de se retrouver dans le bureau du directeur si tant est qu'ils aient la mauvaise idée d'imiter le motard dans la cour de récréation...


Un méchant, une fille, un bandit au grand cœur, une histoire

L'explication à ces comportements déviants est simple : loin d'être un héros, Sam est même quasiment l'opposé du brave type se mettant en quatre pour sauver son prochain. En effet, notre « héros » n'est autre que le chef du gang des Polecats (putois en français), une bande de motards sans le sou sillonnant les routes et tentant tant bien que mal de joindre les deux bouts. La vie du bad boy va cependant basculer le jour de sa rencontre avec Malcolm Corley, PDG de Corley Motors, le principal producteur de grosses cylindrées du pays. Après avoir refusé une offre d'emploi de la part de ce dernier, Sam va se retrouver assommé dans une poubelle, et accusé du meurtre de Malcolm. Ce dernier a en effet été assassiné par son bras droit Adrian Ripburger, qui a pour ambition de récupérer la direction de Corley Motors pour construire des minibus en lieu et place des habituelles motocyclettes. C'en est trop pour Sam, qui doit non seulement résoudre le meurtre du vieil homme pour se disculper, mais également retrouver la fille et seule héritière de ce dernier afin de lui offrir la présidence de Corley Motors, dans l'optique de perpétuer l'héritage de Malcolm. La tâche ne sera cependant pas aisée, puisque Ben aura maille à partir non seulement avec les sbires de Ripburger, mais également avec des gangs rivaux qui ont bien l'intention de profiter de la situation pour reprendre la possession des routes aux tout puissants Polecats... Si l'histoire de ce Full Throttle est clairement moins fantaisiste que ce à quoi nous avait habitués Lucas Arts (Monkey Island, quand tu nous tiens...), force est de constater que la trame scénaristique tient la route et se base sur un enchainement logique d'événements à un rythme des plus intenses. La fin vaut d'ailleurs à elle seule son pesant de cacahuètes, et revêt un indéniable aspect cinématographique qui finalement s'avèrera être présent tout au long du jeu, ce dernier reprenant de nombreux codes présents dans les productions hollywoodiennes... On ne s'ennuiera pas une seconde, le soft provoquant une immersion immédiate et totale dans cet univers extrêmement bien retranscrit.

Une ambiance fantastique

Et quel univers! Dès le lancement du jeu sur votre très cher PC, vous sentirez presque les vapeurs d'asphalte et de gaz d'échappement se frayer un passage jusqu'à votre appendice nasal. L'aventure s'ouvre sur un rapide monologue du héros faisant office d'introduction, suivi d'une discussion entre deux personnages dans une berline dépassée par une bande de motards gonflés aux stéroïdes. Le ton est donc donné dès les premières minutes de jeu : Full Throttle donne la part belle à une atmosphère bien particulière, à mille lieues d'une quelconque trace de technologie avancée. Il est indéniable qu'un certain parfum de Mad Max se dégage du soft au fil des minutes, tant par son ambiance post-apocalyptique que par ses environnements délabrés et ses véhicules bruyants. Ici, inutile d'espérer se retrouver dans ces décors high-tech dont Lucas Arts a le secret (rappelons que la firme susnommée est responsable de la quasi-totalité des adaptations de la licence Star Wars). Non, dans FT, tout est en mauvais état, miteux. Vous arpenterez ainsi tour à tour une casse de voitures, un garage pour le moins minable, un bar miteux, ou une usine tout aussi glauque. Vous ne quitterez ces lieux sinistres que pour arpenter les routes avec votre bécane survitaminée pour seule compagne, à la recherche de rivaux à dégommer. Oui Full Trottle mise beaucoup sur son ambiance. Est-ce un mal? Il est évident que non, puisque cette dernière aurait pu à elle seule être garante de la qualité du jeu.

Réalisation et bande son au top!

Les développeurs ne se sont cependant pas arrêtés là. Souhaitant mettre toutes les chances de leur côté, ces messieurs de chez Lucas Arts n'ont pas hésité à doter le titre d'un aspect visuel de haute volée. Outre les séquences de jeu superbement modélisées, ce sont bel et bien les innombrables cinématiques d'un aspect très cartoon qui impressionneront le plus tant par le cadrage de ces dernières que par les expressions faciales des protagonistes, diablement bien rendues. 2D et 3D précalculée se côtoieront ainsi joyeusement pour entrer dans une parfaite symbiose, et nous offrir un aspect visuel contribuant grandement à la qualité de l'atmosphère dégagée par le soft.

La bande son n'est d'ailleurs pas en reste, le maitre Clint Bajakian (notamment responsable de la splendide bande son d'Outlaws) est une nouvelle fois aux commandes et alterne savamment les genres de musiques. Vous aurez ainsi droit à des thèmes dignes d'un western spaghetti de Sergio Leone, qui pourront laisser la place en quelques secondes à du rock bien rétro parfaitement dans l'ambiance « bikers » sur laquelle tout le jeu se repose avec beaucoup de réussite. Mais nous aurons aussi l'occasion d'apprécier des morceaux plus originaux, comme un remix parfaitement reconnaissable de la Marche des Valkyries de Wagner...

S'ajoutera à cette sélection de haute volée, un casting auréolé d'un invité de choix en ce qui concerne les voix. En effet, le « méchant » du jeu Adrian Ripburger a eu droit à un doublage interprété par Mark Hamill qui incarnait Luke Skywalker dans la trilogie Star Wars originelle! Ce cadeau est bien évidemment réservé à la VO. Ne pensez cependant pas pour autant que la version française ait pu subir un massacre en règle comme c'est hélas souvent le cas encore aujourd'hui, le doublage de cette dernière étant étonnamment convainquant! Les voix des différents protagonistes leur accordent un charisme fou, cette affirmation étant d'autant plus véridique en ce qui concerne Ben. Il faut dire que ce dernier n'a pas son pareil pour nous sortir des répliques toutes plus cultes les unes que les autres, la plus inoubliables d'entre elles étant sans conteste « Tu sais ce qui ferait vachement bien sur ton nez? Le bar! » (cf troisième screenshot). Car oui, malgré son ambiance plus sombre que celle d'un Monkey Island, FT n'est pas sans comporter une bonne dose d'humour, tant dans les dialogues qu'au niveau des situations auxquelles le joueur est confronté. Enfin, un jeu Lucas Arts n'en serait pas un sans son lot de références à Star Wars et aux autres titres du même éditeur. Un œil entrainé les décèlera aisément, au détour d'un stade ou dans une poubelle (une jeune fille sortant d'un air suppliant « Aidez moi ben, vous êtes mon seul espoir! », ça ne vous rappelle pas quelque chose? )...

Un gameplay classique mais novateur

Continuons ce test avec le gameplay, partie ô combien importante de tout bon jeu qui se respecte. Comme mentionné dans l'introduction, les standards du point & click sont ici repris afin de proposer une maniabilité rapidement assimilable chez toute personne ayant eu la chance de déjà jouer à d'autres jeux estampillés Lucas Arts. Vous déplacez ainsi votre personnage en utilisant le curseur présent à l'écran, la souris étant mise à contribution pour quasiment toutes les actions. Seules les touches TAB et ESPACE du clavier seront respectivement dévolues à l'inventaire et à la mise en pause.

Là où Full Throttle innove, c'est dans la gestion des interactions du joueur avec les éléments du décor. En effet, Monkey Island proposait un système unique en son temps basé sur un panel de verbes affichés en bas de l'écran. Le joueur, pour agir sur son environnement, devait d'abord cliquer sur l'un de ses verbes, pour ensuite appliquer l'action associée à ce dernier sur l'élément souhaité via le curseur. Ici, c'est avec étonnement que l'on constatera la disparition de cette partie de l'écran. Désormais, les différentes actions disponibles seront directement affichées par un clic long sur l'élément cible, possibilités modélisées par quatre sigles différents (pied, main, bouche et yeux). Les plus nostalgiques pourront pester sur cette évolution, mais cette dernière a le mérite de proposer plus de souplesse dans le gameplay, tout en augmentant la partie « affichable » de l'écran. Ce tout nouveau système sera d'ailleurs repris trois ans plus tard dans le troisième chapitre des aventures de Guybrush Threepwood (Monkey Island, pour ceux qui ne suivent pas).

Outre l'aspect classique du jeu d'aventure, le soft fait également la part belle aux séquences d'action qui prennent une place importante dans le déroulement de l'aventure. Ces dernières, se déroulant le plus souvent aux commandes d'une bécane rugissante, mettent en scène d'âpres combats dans lesquels le but est d'envoyer l'adversaire embrasser le bitume. Pour cela, tous les moyens sont bons et l'on pourra au choix jouer des coudes, des poings, ou même utiliser de nombreuses armes allant de la clé à pipe à la tronçonneuse, en passant par...de l'engrais! Ces dernières ne s'obtiendront cependant qu'en battant leurs précédents possesseurs, dans des luttes dont l'issue sera bien souvent incertaine. Concernant le maniement, on reste une fois encore sur l'utilisation de la souris permettant de mouvoir la moto latéralement, et de frapper ou changer d'arme en utilisant respectivement les boutons gauche et droit. Ces affrontements demanderont un temps d'adaptation mais s'avèreront finalement assez agréables et funs à jouer. Je ne saurais cependant que trop vous recommander d'opter pour le mode plein écran. En effet, si vous vous contentez d'une fenêtre, un mouvement un peu trop ample de la souris aura pour effet de faire sortir le curseur de la zone de jeu, vous ramenant au bureau Windows! Pas franchement pratique pour en découdre...

En plus de ces combats sur la route, l'aventure vous projettera au beau milieu d'une compétition de stock car. Dans une vue du dessus faisant furieusement penser à GTA, vous devrez mener à bien une série d'actions afin de faire avancer le scénario. Fort heureusement, la possibilité d'utiliser les touches fléchées du clavier rendra la tâche un poil moins ardue, pour cette séquence qui est sans conteste la plus difficile du jeu (et probablement la moins bien pensée en termes de maniabilité)...

Déjà le bout de la route?

J'en arrive donc tout logiquement au douloureux point de la durée de vie du soft, qui est clairement son plus gros (voire même son seul) point faible. En effet, le joueur lambda terminera cette dernière en moins de dix heures, tandis que l'habitué des point & click en aura raison en moitié moins de temps. Les raisons d'une telle faiblesse en termes de longévité sont au nombre de deux. D'une part, les énigmes sont beaucoup plus faciles que ce que l'on a l'habitude de voir dans un Monkey Island. Les joueurs ayant joué à ce dernier se rappelleront certainement l'aspect loufoque des différents puzzles, tant et si bien que terminer le jeu sans utiliser de soluce nécessitait tout bonnement d'être aussi dingue que ses concepteurs. Ici, les différentes énigmes ne sont pas toutes évidentes, mais répondent tout de même à une certaine logique permettant de les résoudre relativement aisément en réfléchissant un minimum. D'ailleurs, si vous échouez, pas de panique : vous reviendrez juste quelques instants dans le temps pour à nouveau tenter votre chance. D'autre part, l'aventure est tout simplement trop courte et ne revêt pas la longévité induite par une épopée comme celle de Guybrush. Bref, on reste un peu sur notre faim, chose d'autant plus frustrante compte tenu de l'ambiance du soft dans laquelle nous serions bien demeurés quelques heures supplémentaires...

Conclusion

Dommage que ce dernier aspect ne gâche quelque peu cet article qui aurait pu être un hommage sans concession à ce Full Throttle. Ce dernier est le parfait exemple de ce que l'on ne voit hélas plus de nos jours : une grosse prise de risque de la part d'un éditeur. En 1995, Lucas Arts était au sommet de sa gloire et aurait très bien pu se reposer sur ses lauriers en sortant d'autres point & click enfantins comme Monkey Island. Au lieu de cela, la firme a pris tout le monde à contrepied en optant pour un style plus viril et sombre, insufflant du même coup une grosse bouffée d'air frais à sa ludothèque. Finalement, ce pari s'avérera gagnant puisque le jeu sera unanimement acclamé par la critique et connaitra un énorme succès en Europe et aux États Unis. Huit ans après cette réussite, Lucas Arts annoncera la sortie d'une suite intitulée Hells on Wheels. Malheureusement, l'avènement du casual gaming aura raison de cette dernière. L'éditeur estimant que le point & click avait fait son temps, il annulera le développement de ce second volet quelques semaines plus tard, au grand dam des nombreux fans qui avaient accueilli cette annonce comme un don du ciel. Ces derniers devront donc se contenter d'arpenter les étendues de bitume dans ce premier volet, en revivant encore et encore les fantastiques aventures de Sam et de ses Polecats...

Réalisation : 19/20
Gameplay : 17/20
Bande son : 19/20
Durée de vie : 10/20
Scénario : 18/20

VERDICT : 16/20


Article publié le 08/12/2010 Jeu testé par Manuwaza