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Final Fantasy

Section Test.


Final Fantasy
18/12/1987
Edité par Squaresoft
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Final Fantasy
??/07/1990
Edité par Nintendo
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Sortie EURO non communiquée
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Console: Nintendo Nes
Genre:Jeu de Rôle
Développeur: Squaresoft
Joueurs: Solo uniquement
Existe aussi sur: Bandai Wonderswan- Nintendo Game Boy Advance- Sony Playstation- Sony PSP-

Photo de la boite de Final Fantasy
Final Fantasy, capture d'écran Final Fantasy, capture d'écran Final Fantasy, capture d'écran
Nous sommes en 1987, année quasi-fatale pour une petite entreprise nippone du nom de Square qui enregistre une fois de plus un énorme déficit dans son budget déjà à la limite de la catastrophe. Prête à déposer le bilan, cette firme en difficulté depuis sa prise d’indépendance par rapport à sa société mère va jouer le tout pour le tout et recruter une équipe dans le but d’attaquer le leader des RPG Japonais de l’époque : Enix. Désireux de battre ce monstre sacré sur son propre terrain, Hironobu Sakaguchi s’octroie ainsi les services de trois hommes qui vont à jamais changer le monde du Rôle Playing Game : Yoshitaka Amano (designer de génie), Nobuo Uematsu (compositeur émérite) et Katsuya Terada (scénariste confirmé). En décembre 1987 sort enfin sur Famicom le premier épisode d’une longue série, baptisé Final Fantasy. Derrière ce nom laissant transparaître le sort réservé à Square en cas d’échec se cache la genèse de ce qui, sept ans plus tard, donnera naissance au plus grand RPG de tous les temps, j’ai nommé Final Fantasy 6. Portrait de cette première sérieuse menace à la suprématie de Dragon Quest au pays du soleil levant…

Une trame de fond intéressante

Commençons par le scénario qui, paradoxalement, semble être l’aspect du jeu ayant le plus mal vieilli. L’histoire prend place dans un monde à l’agonie, dont le fragile équilibre était jadis maintenu par les quatre cristaux élémentaires du feu, de l’eau, du vent et de la terre. Durant des siècles, les hommes ont utilisé la puissance et les pouvoirs de ces artefacts pour faire prospérer leurs civilisations. Mais à trop abuser de cette puissance, le pire finit par arriver : les cristaux devinrent noirs et quatre entités maléfiques furent créées, occasionnant ainsi une véritable déferlante de fléaux sur le monde, le conduisant au bord de la destruction. Devant une telle accumulation de catastrophes, l’espoir commença à disparaître, laissant chaque habitant du monde avec la dure certitude que sa disparition n’était plus qu’une question de temps. Pourtant, les survivants entretenaient toujours un espoir… l’espoir de voir l’ancestrale prophétie de Lukahn se réaliser, prophétie selon laquelle quatre guerriers de lumière devraient se dresser devant les ténèbres. Autant dire que l’apparition de quatre guerriers, portant chacun l’un des quatre cristaux élémentaires et ressemblant fortement à ceux de la prophétie, ne fut pas sans soulever l’enthousiasme chez la population qui se reposa totalement sur eux pour restaurer la paix dans le monde en détruisant les ténèbres une bonne fois pour toutes.

Un univers enchanteur

Plus que par l’évolution de l’histoire remplie de clichés et somme toutes assez prévisible, c’est bel et bien par son univers et sa trame de fond que se distingue ce premier Final Fantasy. Puisant son inspiration dans le domaine de l’heroic-fantasy, le monde de ce nouveau venu dans le domaine des RPG ne sera pas sans accrocher le joueur et le happer par le design très inspiré des différents lieux que vous serez amené à fréquenter. Alternant entre châteaux lugubres, déserts arides et autres lieux tout aussi inquiétants, ce premier épisode d’une longue saga vous happera bien malgré vous par son identité graphique si particulière, qui sera reprise dans tous les épisodes 8 et 16 bits (avec toutefois une rupture à ce niveau à partir du septième volet). Les plus érudits d’entre remarqueront aisément les innombrables références aux mythologies du monde entier, notamment au niveau du bestiaire qui jouira d’une énorme variété. Vous aurez en effet l’occasion d’en découdre, entre autres, avec des Vampires, Momies, Gargouilles, Ogres pour un total de pas moins d’une centaine d’ennemis tous très différents les uns des autres par leur apparence et leur design. Le travail effectué par Amano à ce niveau tient de l’exploit et provoquera une immersion immédiate dans l’ambiance heroic-fantasy du titre. N’oublions pas que le jeu est sorti en 1987, c'est-à-dire aux balbutiements de la 8 bits de Nintendo. Difficile dans ces conditions d’obtenir un rendu du même acabit qu’un Megaman.

Cependant, Square a eu l’intelligence de trouver une recette lui permettant de mettre en valeur les splendides dessins de son designer en chef, tout en ne nuisant pas à la fluidité de l’action et du jeu en général : modéliser les personnages et leurs ennemis via des images fixes lors des combats. Ainsi, vous ne verrez jamais l’adversaire en face de vous esquisser le moindre mouvement et l’animation e vos personnages se limitera à effectuer trois pas en avant pour lancer leurs attaques. Si le procédé peut paraître ridicule et déroutant de nos jours, le résultat n’en est pas moins bluffant pour un jeu 8 bits de première génération et vous permettra, après un bref temps d’adaptation, d’apprécier les sprites de chacun des ennemis que vous rencontrerez à leur juste valeur. A ce titre, il convient de souligner la qualité du design des boss, tout simplement fantastique et extrêmement impressionnant (Chaos, le boss final, sera cinq fois plus grand que vos personnages). De même, l’écran sera divisé en deux parties distinctes contenant respectivement vos personnages et vos ennemis, chacune d’entre elles étant gérée de manière indépendante. Il est ainsi possible, en n’animant qu’une seule de ces parties à la fois, d’optimiser un peu plus encore les performances du soft pour fournir un jeu exempt de toute forme de saccade. Enfin, il convient de préciser que les écrans de combat n’offriront que des décors minimalistes n’occupant que la partie supérieure de l’écran sur un sixième de sa taille environ, le reste étant d’un noir uniforme. Tous ces procédés plus ou moins judicieux peuvent paraître ridicules de nos jours mais n’en étaient pas moins révolutionnaires à l’époque, puisque permettant de faire bénéficier les différents monstres du bestiaire d’une modélisation extrêmement fine. De tels bidouillages ne sont d’ailleurs pas sans rappeler Silent Hill premier du nom (les développeurs avaient choisi d’intégrer un brouillard pour que la console ait moins de détails à gérer, brouillard qui finalement apportait énormément à l’ambiance).

Les déplacements sur la carte du monde ou dans les différents lieux jouiront quant à eux de graphismes de bonne facture, avec une animation certes simpliste des personnages qui s’avérera très attachante. Enfin, on notera un excellent effet de profondeur dans la modélisation des villes rendant leur vue très agréable sur la carte du monde. Vous pourrez d’ailleurs utiliser divers moyens de transport pour vous déplacer aux quatre coins de ce monde titanesque comptant pas moins de quatre continents ainsi qu’une trentaine d’endroits clé, passages obligés pour faire avancer le scénario.

Un Nobuo Uematsu des grands jours

Si la qualité des graphismes peut donner lieu à des moqueries lorsque l’on a le malheur de comparer ce premier épisode à son petit frère FF6, il n’en sera pas de même pour les musiques qui portent sans conteste la patte Uematsu. L’inspiration ne semble jamais avoir fait défaut à notre génial compositeur qui nous sert ici des thèmes d’une grande qualité laissant présumer les grandes possibilités offertes par la mise en présence d’un tel homme avec la technologie des consoles 16 bits (il n’y a qu’à voir, ou plutôt entendre FF6 pour se rendre compte du gout artistique sans faille de ce dernier). La bande son de cet opus est certes sujette aux limitations techniques de cette console à l’aube de son existence mais dispose indubitablement d’un charisme à toute épreuve berçant vos oreilles d’une douce mélopée qui ajoutera un plus non négligeable à cette ambiance ayant fait la force du titre.

Un gameplay efficace et novateur

Mais c’est bien par son gameplay efficace que Final Fantasy s’avérera au dessus de la moyenne. Pourtant, difficile de faire plus classique : vous dirigez votre fine équipe sur une carte du monde (ou bien dans des donjons selon les moments) et devez faire face à des monstres apparaissant de manière aléatoire. L’interface change alors et vos quatre personnages apparaissent dans l’écran de combat, avec des affrontements au tour par tour. Ici, pas de jauge ATB. Chaque protagoniste, allié comme ennemi, attaque tour à tour un peu à la manière d’un jeu d’échec. Vous aurez cependant la possibilité de fuir la plupart des combats, même si une telle pratique ne sera pas des plus intéressantes. En effet, chaque victoire en combat octroiera un certain nombre de Gils (monnaie du jeu) et de points d’expérience, ces derniers vous servant à augmenter les différentes statistiques de vos personnages (agilité, sagesse, vigueur, chance, force, points de vie, points de magie), sachant que chacune de ces statistiques sera extrêmement utile en combat. L’argent quant à lui vous permettra d’acheter divers items et magies dans les villes, pour vous préparer au mieux en vue de vos futurs combats. Jusque là, rien de bien innovant. Cependant, ce premier épisode recèle quelques petites subtilités qui seront pour la plupart reprises dans les épisodes suivants.

Tout d’abord, Final Fantasy voit l’apparition des états anormaux pour vos personnages. Ainsi, certaines attaques des ennemis pourront altérer votre statut (pour un total de sept altérations d’état) et diminuer certaines de vos statistiques. Par exemple, le poison fera perdre des points de vies au personnage touché à chaque tour, tandis que le mutisme empêchera vos mages d’utiliser la magie. Certains de ces états iront même jusqu’à persister après la fin du combat. Vous devrez donc vous munir de l’objet approprié pour retrouver votre état normal et aborder le combat suivant dans les meilleures conditions. La seconde innovation, et non des moindres, résidera dans l’apparition du système de jobs qui sera repris notamment dans l’excellent FF Tactics. Vous devrez ainsi, dès le début de votre aventure, choisir le job de chacun de vos quatre personnages parmi les six disponibles (mage rouge, guerrier, mage blanc, mage noir, moine expert en arts martiaux et voleur), chacun se distinguant par des capacités propres utilisables en combat : le mage noir pourra utiliser les sorts d’attaque mais sera en contrepartie très faible en attaque physique, le mage blanc utilisera les sorts curatifs, le guerrier disposera d’une force et d’une résistance à toute épreuve, le moine jouira d’une maitrise particulièrement poussée dans l’art du combat à mains nues, le voleur vous permettra de fuir aisément les combats par son agilité et enfin le mage rouge sera un excellent compromis entre toutes les différentes classes. Vous devrez ainsi composer votre équipe selon votre manière de jouer, tout en tenant compte des forces et des faiblesses de chacun : libre à vous de tout miser sur les attaques physiques, sur la magie ou bien d’opter pour une équipe équilibrée (ce dernier choix étant sans conteste le meilleur). Pensez cependant à équiper vos différents protagonistes avec les armes et armures appropriées pour tirer le meilleur parti de leurs capacités. Arrivé à un certain point de l’aventure, vous verrez vos personnages monter en grade dans leur discipline (pour devenir Sage Noir, Sage Blanc, Sage Rouge, Paladin, Maitre ou Ninja) et ainsi atteindre une puissance beaucoup plus grande qu’elle ne l’était auparavant, et ce grâce à Bahamut, devenu inévitable dans tous les épisodes de FF.

A noter que les magies utilisables par les moines (au nombre d’une grosse soixantaine allant des basiques sorts élémentaires au surpuissant Flare) pourront avoir différents niveaux de puissance : par exemple, la magie soin basique sera de niveau 1, soin + de niveau 3 et soin X de niveau 5. Cela aura son importance en ce sens que vos personnages devront atteindre un certain niveau pour apprendre les magies les plus puissantes (principe largement emprunté à Dungeons & Dragons), vous obligeant parfois à du level up pour grappiller la puissance qui vous permettra de passer certains boss. Gameplay plus que novateur donc, posant les bases de la maniabilité que l’on retrouvera avec plaisir dans tous les épisodes suivants.

Nobody’s Perfect

Côté longévité, Final Fantasy se distinguera plus par son challenge élevé que par son poids en termes d’heures de jeu. En effet, si l’aventure sera relativement courte, la mener à bien vous demandera pas mal de persévérance, ce premier opus ayant été doté d’un niveau de difficulté à la hauteur de ce que l’on pouvait trouver à l’époque. Ce constat, qui aurait pu constituer l’un de ses plus gros points forts se révèlera malheureusement être sa plus grande faiblesse. En effet, se contraindre à avancer dans un jeu aussi difficile n’a de sens que si la progression est suffisamment intéressante pour vous donner envie de continuer, ce qui ne sera malheureusement pas le cas de ce premier épisode puisque l’avancement du scénario ne sera sujet à aucune surprise ou rebondissement (vôtre première quête consistera d’ailleurs à aller sauver une princesse, difficile de faire pire en termes de cliché…). Si la toile de fond de la trame scénaristique est extrêmement prenante et attachante, il n’en sera donc pas de même pour la mise en œuvre et la progression dudit scénario qui manquera cruellement d’intérêt et aura bien du mal à soutenir la comparaison avec les histoires torturées des épisodes suivants. Un autre petit problème résidera dans le manque de charisme des différents personnages. En effet, vos quatre guerriers de la lumière ne seront dotés d’aucun passé, d’aucune personnalité. Difficile dans ces conditions de s’attacher à eux… Il eut été appréciable de dévoiler petit à petit des éléments de leur passé qui seraient venu grossir l’histoire principale tout en taillant une personnalité propre à chacun d’entre eux, comme ce sera le cas dans les épisodes suivants. A noter tout de même que quelques quêtes annexes viendront parsemer le jeu, comme par exemple trouver la tombe de Link ou encore récupérer Excalibur. Mais le fait est que globalement, la mise en scène ne donnera pas envie de s’attaquer à la difficulté conséquente du titre…

Verdict

Pari réussi pour Square, qui non content de renflouer ses comptes, a réussi à atteindre des ventes faramineuses que ce soit au Japon ou aux USA avec respectivement 520000 et 780000 unités achetées par des joueurs qui resteront ensuite fidèle à la firme pendant de longues années. Difficile de prétendre que ce succès n’était pas mérité, puisque l’univers créé par la firme nippone allié à un gameplay efficace qui sera maintes et maintes fois repris et adapté au fil des années ne pouvait que plaire à des joueurs Japonais fans de RPG et avides de nouveautés. On pourra lui reprocher un scénario assez poussif dans sa mise en scène mais pour un premier essai, Square s’en tire avec les honneurs et se voit d’ailleurs propulsé au rang de référence dans le domaine du RPG Nippon…

Réalisation : 16/20
Gameplay : 18/20
Bande son : 17/20
Durée de vie : 14/20
Scénario : 9/20
TOTAL : 15/20

NB : A noter que le jeu est depuis ressorti sur Playstation, Wonderswan et Game Boy Advance, doté de contenu inédit, de graphismes entièrement refaits voire même de séquences vidéo en images de synthèse. Une bonne occasion de s’essayer à ce précurseur sans mettre toutes ses économies dans la version Nes diablement cotée. Pour éviter de devenir grossier, je ne parlerai pas de la version PSP, véritable opération de vol organisé de la part de Square-Enix qui s'est une fois de plus permis de sortir une réédition au prix fort sans même prendre la peine de la traduire!


Article publié le 06/08/2008 Jeu testé par Manuwaza