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Emmanuelle

Section Test.


Sortie JAP non communiquée
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Sortie US non communiquée
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Emmanuelle
??/??/1989
Edité par Coktel Vision
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Console: Atari ST
Genre:Aventure
Développeur: Tomahawk
Joueurs: Solo uniquement
Existe aussi sur: Commodore Amiga- PC-

Photo de la boite de Emmanuelle
Emmanuelle, capture d'écran Emmanuelle, capture d'écran Emmanuelle, capture d'écran
S'il y a bien un genre de jeux qui était en vogue sur les PC de l'époque, ce fut le Point'n click. Plaçant le joueur au cœur d'enquêtes plus ou moins fantastiques, il nécessitait un certain sens de la déduction de la part de celui-ci, mais également une grande qualité narrative venant des développeurs afin de produire un titre soigné. De grandes légendes du jeu-vidéo ont ainsi vu le jour, telles que la série des « Monkey Island », alors que d'autres étaient un peu moins marquants mais néanmoins agréables à jouer. Le jeu d'aujourd'hui se situe dans cette deuxième catégorie, et il a pour titre Emmanuelle...

Déshabillez moi

Emmanuelle. A lui seul, ce titre dégage une douce odeur de scandale et de censure. En premier lieu titre d'un roman, puis repris plus tard par le film et le jeu éponymes, il donna bon nombre de cheveux blancs aux moralisateurs de l'époque. Paru en 1959 et écrit par Emmanuelle Arsan, le livre narre les aventures érotiques d'une jeune fille d'une vingtaine d'années, qui se passent pour la plupart du temps à Bangkok. Le scandale est tel que l'œuvre est rapidement privée de publicité, et comme toute chose interdite elle ne fait qu'attirer les foules. Même destin pour le film sorti en 1969, qui aura quand même droit à une sortie cinéma, et restera près de 13 ans à l'affiche dans notre belle capitale. Ça, c'était pour le petit rappel culturel. Où se situe le jeu face à un pareil déluge de critiques enflammées ? Tout d'abord, le soft repose sur un scénario original écrit par Muriel Tramis, l'une des rares créatrices de jeux en France. Le joueur y incarne un homme, fraichement débarqué à Rio, dont le but est de trouver et de séduire Emmanuelle. Mais avant cela, il doit augmenter son potentiel sexuel en trouvant différentes statues et en multipliant les conquêtes. Il y a donc une volonté de se détacher du livre originel, afin de proposer une expérience inédite. Pour autant, l'aspect sulfureux n'est pas négligé (sans pour autant tomber dans le trash) mais nous y reviendrons plus tard. Ensuite, l'autre différence repose sur les scènes à caractère sexuel, plus particulièrement leur description. Pour faire simple, le bouquin relève surtout du registre pornographique alors que le jeu se situe plus dans le registre « érotico-soft ». De toutes manières, il existait des titres bien pires sur ST à l'époque, tel qu'un « jeu » montrant des positions du Kama-sutra sans aucune retenue (non, je ne dirai pas le nom).

Malgré un scénario assez plat, on ne peut que souligner l'initiative des développeurs qui ne se sont pas contentés de plagier une œuvre, mais qui ont au contraire pris un risque en s'en détachant.

L'art de la séduction

Comme je l'ai dit lorsque j'ai abordé l'œuvre, l'histoire décrite dans Emmanuelle prend place dans une atmosphère dépravée et festive à la fois. Il était donc important, lors de la création du jeu, de respecter ces caractéristiques. Ainsi donc, dès la séquence d'introduction, le joueur est accueilli par une vue du Pain de Sucre (l'île où se situe Rio) agrémentée d'un feu d'artifice. Suite à ce spectacle, une musique rythmée se fait entendre. Aucun doute, nous sommes bien à Rio, haut lieu de festivités et de...mœurs légères. On peut donc dire que l'ambiance érotique du livre est respectée, même l'aventure ne prend pas place au même endroit. Cependant, comment se déroule concrètement la quête qui nous est confiée ? Comment les créateurs ont-ils fait pour rendre l'aventure attrayante ? Commençons par l'écran de jeu. On peut dire que ça commence fort, puisque dès son arrivée à Rio le joueur reçoit une forte somme d'argent, et une coupe de champagne (plus kitch tu meurs). Ensuite, le seul moyen d'interagir avec l'environnement est le curseur (comme l'exige le genre) et là surprise, il est de la forme d'un ange : serait-ce un clin d'œil à notre cher Cupidon ? Mais trève de détails, passons à la réalisation proprement dite. Une fois l'introduction passée, vous vous retrouvez face à l'île, il vous suffit alors de cliquer sur un endroit pour vous y rendre. Plage de sable fin propice aux rencontres ou bidonvilles remplis d'escrocs, le choix vous appartient. Une fois la destination choisie, un plan fixe s'offre à vous. Bien évidemment, celui-ci diffère selon le lieu, mais on soulignera le choix de couleurs ainsi que la présence de certains détails qui rendent chaque visite très agréable. Le seul problème vient du fait que certains environnements ont une certaine tendance à pixeliser, à l'image de la table de casino. Selon vos choix ou vos actions, différentes choses se produiront à l'écran, en bien ou en mal. Les possibilités sont vastes, grâce notamment au système de dialogues.

Parlons en d'ailleurs de ce système. Une fois que vous avez engagé la conversation avec quelqu'un (avec une serveuse en cliquant dessus par exemple), votre interlocuteur vous réplique quelque chose. Suite à cela, des choix s'offrent à vous dans le coin supérieur gauche, ils seront déterminants pour la suite des événements pouvant être une bagarre, l'indifférence de votre vis-à-vis, voire même... un rencard qui finira dans le lit. Rassurez-vous, on ne voit rien, si ce n'est un jeu d'ombres à travers un store.

Mais ne croyez pas pour autant que le jeu se limite à un choix de phrases ou à voyager sur la carte, des mini-jeux sont proposés, en conservant l'esprit de l'aventure il va sans dire. Ainsi vous pourrez jouer au casino, déclencher une bagarre sur la place ou plonger pour récupérer une statuette aux formes suggestives au fond de l'eau. On remarquera que durant ces épreuves, l'animation ne souffre d'aucun défaut, ce qui aurait été un comble pour l'Atari ST. Enfin, certaines interactions sympathiques sont réalisables avec le décor, je pense entre autres à la possibilité de regarder dans les trous de serrures d'un hôtel et y voir des mémés prendre un bain de pieds ou un pépé en caleçon. Ça ne fait pas avancer le scénario, mais au moins ça a le mérite de faire rire.

Salsa et voyage en hélicoptère

Emmanuelle étant un point'n click, je traiterai de la jouabilité et de la bande-son dans un même paragraphe, pour la simple raison qu'il y a de grandes carences à ce niveau. Une partie dédiée à chacune aurait été trop courte. En premier lieu, passons au crible la partie sonore du titre. Je vous arrête de suite, contrairement à ce que vous pensez, bien que le jeu soit érotique, il n'est pas composé en majeure partie de « Oh », de « Ah », « Continue », etc... Les différents bruitages sont de bonne facture, même si l'on sent que la machine n'est pas poussée dans ses ultimes retranchements. Les musiques sont malheureusement absentes, exception faite de celle accompagnant l'écran titre. Et c'est bien dommage, car cela nuit grandement à l'ambiance en général. Certes c'est érotique, oui c'est festif au début, mais après on déchante très vite! On se sent seul, ce qui est un comble pour un jeu basé sur la séduction ! Ajoutez à cela l'absence de voix, et vous obtenez un jeu qui ne déchainera pas les passions.

Intéressons-nous maintenant à la jouabilité. Emmanuelle étant un Point'n Click, il se joue exclusivement à la souris. Donc à moins d'être manchot il n'y a aucun problème, même si un cruel manque de diversité se fait vite ressentir. Je m'explique. Je parlais précédemment de différentes épreuves qui apparaissaient suite au choix lors de la phase de dialogue. Seulement, le joueur ne fait que les déclencher, et y assiste. C'est tout. On est plus spectateur que joueur en fin de compte. Donc, à part les interactions avec le décor ou les PNJ à l'aide du clic gauche, il n'y a rien. Pourtant, les possibilités auraient pu être nombreuses, comme par exemple combiner des objets ou examiner plus en détails un point précis mais il n'en est rien. Double frustration pour le joueur au final, sur la partie sonore très pauvre et sur la jouabilité minimaliste à l'extrême. C'est bien dommage, car si les développeurs s'étaient autant concentrés sur la bande son que sur l'originalité de l'histoire, le jeu en aurait été transformé. Mais bon, on ne refait pas l'Histoire !

Aventure d'une nuit ou relation durable ?

Arrivé à ce stade du test, notre avis sur le jeu est on ne peut plus mitigé : une histoire originale qui a le mérite de se détacher du livre mais une ambiance qui ne tient pas après l'écran titre, ainsi qu'une jouabilité très pauvre. Avec de telles critiques, il est logique que la durée de vie en pâtisse gravement. En effet, à partir du moment où vous ne faites rien et qu'il n'y a presque aucun bruitage, le temps passé devant l'écran devient vite semblable à une éternité. D'autant plus que, à moins que vous ne soyez un fan irréductible d'Emmanuelle et que l'idée de coucher avec elle vous obsède, le soft vous paraitra finalement peu attrayant. A partir de là, le constat est simple : le joueur partira très vite sur un autre Point'n Click, un certain Monkey Island par exemple... Ce n'est pas avec cette disquette que l'Atari ST fera sa vie.

Conclusion :

Partant d'une bonne idée, à savoir un scénario original, Emmanuelle avait un certain potentiel. Hélas, les parties sonore et jouabilité étant peu développées, cela ne sauvera pas la durée de vie. Dommage donc, puisqu'à part un sentiment d'ennui, le joueur ne ressentira pas la moindre excitation, un comble pour un jeu tiré d'aventures érotiques !

Scénario : 14/20
Réalisation : 13/20
Gameplay : 09/20
Durée de vie : 08/20 ou 11 si vous êtes un obsédé d'Emmanuelle
Bande-son : 05/20

Note finale : 11/20


Article publié le 30/08/2010 Jeu testé par Jonat